Stratégie de Gucci : Comment devenir la marque dont tout le monde parle ?
Comment la marque italienne parvient-elle à séduire les amateurs de marques de luxe, génération après génération ?
Points importants à retenir
- La stratégie utilisée par Gucci afin d’être la marque que tout le monde s’arrache consiste à promouvoir l’ouverture : s’efforcer de plaire à tous, hommes et femmes. La marque de luxe italienne propose donc à ses clients un choix plus large d’articles de prêt-à -porter afin de mieux surfer sur les tendances de la mode.
- Gucci équilibre ses assortiments en divisant son offre : 40 % d’articles tendance et 60 % de modèles plus classiques.
- Gucci fait partie des marques pionnières en matière de développement durable. Il serait judicieux pour la marque italienne de mettre en avant les efforts qu’elle a entrepris en faveur de l’environnement afin de promouvoir son image d’entreprise écoresponsable.
Il y a cent ans, dans la pittoresque ville toscane de Florence, l’artisan italien Guccio Gucci s’est lancé dans la maroquinerie. Avec l’aide de ses fils, il a créé son entreprise et s’est forgé une solide réputation. Peu de temps après, l’entreprise familiale a commencé à diversifier son offre en proposant également des articles de mode : la célèbre  e²õ³Ù&²Ô²ú²õ±è;²Ôé±ð. &²Ô²ú²õ±è;
Rachetée en 1999 par Kering, le deuxième plus grand groupe international du secteur du luxe, Gucci jouit d’une place de choix au sein des marques de luxe les plus attractives du monde et conserve sa position sur le podium  quasiment tous les trimestres.
Gucci a toujours su se distinguer de ses concurrents et n’a jamais cessé de gagner des parts de marché. Que ce soit  de Tom Ford et Domenico De Sole dans les années 1990 ou aujourd’hui, avec pour PDG Marco Bizzarri et Alessandro Michele à la direction artistique.
En 2019, la marque de luxe italienne  de chiffre d’affaires au groupe Kering, conservant la croissance à deux chiffres qu’elle connaît depuis qu’Alessandro Michele et Marco Bizzarri ont repris les rênes de l’entreprise en 2015.
Gucci a été durement touchée par la crise du  et a vu ses ventes décliner de plus de 22 %. Mais François-Henri Pinault et ses collaborateurs au sein de Kering ont les compétences qu’il faut pour permettre à Gucci de continuer à séduire les consommateurs. Comment la marque italienne parvient-elle à séduire les amateurs de marques de luxe, génération après génération ?
Stratégie de Gucci : Offrir l’exclusivité grâce à une culture de l’ouverture
Le statut dont jouit Gucci en tant que maison de haute couture ne la rend aucunement désuète, bien au contraire. Comme le déclarait Marco Bizzarri, PDG de Gucci, à  : « Dès le début, l’idée consistait à proposer des produits exclusifs, tout en créant une culture de l’ouverture ». L’approche de Gucci exige de créer des produits capables de plaire à un grand nombre de profils de consommateurs différents. 
L’objectif de la marque est de , à la manière des marques grand public. Pour ce faire, la marque italienne a choisi d’appliquer une stratégie consistant à proposer davantage d’articles de prêt-à -porter que des marques concurrentes comme Christian Dior ou Yves Saint Laurent. 
Proposer des articles basés sur la tendance du moment permet aux marques de luxe, dont le chiffre d’affaires dépend principalement de la vente d’un petit nombre de produits incontournables et inchangés d’une saison à l’autre, de rester dans le coup et de créer le buzz nécessaire pour conserver leur place sur le devant de la scène culturelle. 
 Cette tactique n’est pourtant pas sans risque. Elles risquent d’entamer le prestige de leur marque, ce qui peut inciter leurs clients à bouder leurs modèles phares. C’est le risque que Gucci a décidé de courir ces cinq dernières années. Et ce risque s’est avéré payant ! 
Et puis le Covid-19 est arrivé.
Comme l’expliquait le président et PDG de Kering, François-Henri Pinault, lors d’une réunion de bilan annuelle, Gucci doit trouver le parfait équilibre pour séduire à la fois les consommateurs à fort pouvoir d’achat et la jeune génération. Dans cette optique, la marque va-t-elle proposer davantage de classiques intemporels au cours des prochaines saisons ? 
Classiques intemporels contre modèles tendance
Selon , la stratégie de Gucci consiste à trouver le parfait équilibre entre modèles tendance et classiques incontournables. La marque italienne reste fidèle à sa philosophie originelle : créer des articles intemporels et indémodables tout en adaptant certains modèles phares afin de surfer sur les dernières tendances.
C’est ainsi que Gucci a su continuer à plaire à ses fans les plus pointus depuis des décennies, des clients capables de bouder des mocassins au logo de la marque pour jeter leur dévolu sur des mules sans talon parce qu’ils y voient une excitante prise de risque en matière de style. Que vous recherchiez des classiques intemporels ou de modèles très mode, tout est possible chez Gucci. 
Les données recueillies par Retviews montrent que Gucci propose un plus grand nombre d’articles tendance que ces concurrents, particulièrement sur le segment de la chaussure.
Marco Bizzarri a d’ailleurs expliqué que la marque s’efforçait de respecter le ratio des 30-70 : 30 % de nouveautés et 70 % d’articles reconduits. Certaines pièces originales peuvent être reconduites et certains produits reconduits se vendant mal sont parfois retirés des collections. Cette stratégie permet à Gucci de rester dans la course et de séduire les consommateurs de tous âges.
Parler le même langage (branché) que la jeune génération
La stratégie de Gucci consiste à surfer sur les tendances et à s’adresser aux deux sexes. Kering et Gucci sont cependant parvenus à plaire à la jeune génération, des consommateurs motivés par certaines valeurs et à la recherche d’appartenance et d’émancipation. En matière de style, Gucci a toujours une longueur d’avance sur ses concurrents et a su tirer profit de la tendance des mini-sacs voire des nano-sacs. 
En proposant ses sacs emblématiques dans des formats plus petits et en mixant teintes classiques et couleurs tendance, Gucci a su relever le pari de l’ouverture et de l’appartenance.
Écoresponsabilité : Les apparences sont parfois trompeuses
Il est souvent difficile de définir exactement ce que signifie le terme « écoresponsable » dans l’univers de la mode. Faut-il uniquement tenir compte des matières premières utilisées pour fabriquer un article ou faut-il considérer l’intégralité du processus de production ?
Si l’on se réfère uniquement aux produits Gucci portant le label « écoresponsable », on peut penser que la marque ne fait pas grand’ chose pour l’environnement. Et le constat est encore plus décevant chez ses concurrents.
Kering est cependant l’une des entreprises pionnières du développement durable dans le secteur la mode. Depuis 2018, les activités et la chaîne d’approvisionnement de Gucci affichent une totale et ont obtenu de nombreuses autres certifications d’écoresponsabilité. Cette semaine, Gucci a annoncé avoir investi dans le site de dépôt vente en ligne , allant ainsi encore plus loin dans sa démarche en faveur de l’environnement.
Dans cette optique, Gucci utilise davantage de laine (considérée comme une matière plus « écoresponsable » que le coton) que ses concurrents, la laine étant l’une des matières les plus utilisées dans ses collections de prêt-à -porter.
Associant cette démarche à une politique de totale transparence en matière d’éthique et à des normes strictes en termes de matières premières et d’approvisionnement, Kering est en bonne voie pour réussir à rendre la production de vêtements de Gucci 100 % écoresponsable.
Une question se pose : La marque Gucci ne devrait-elle pas permettre à ses clients de faire plus facilement la différence entre articles écoresponsables ou non ?
Conclusion
L’année 2020 a révélé les faiblesses de la stratégie Gucci, qui repose beaucoup trop sur une clientèle étrangère. Comme l’expliquait François-Henri Pinault lors de la réunion de bilan annuelle, la marque s’efforce en permanence de séduire sa clientèle locale cible. Disponible uniquement sur le marché américain, la collection capsule issue de la collaboration entre Gucci et Detroit vs. Everybody en est le parfait exemple.
Cependant, s’intéresser uniquement aux bilans annuels et aux chiffres ne permet pas d’analyser correctement les assortiments. Le segment prêt-à -porter constitue seulement 18 % du chiffre d’affaires de Gucci, alors qu’il occupe 30 % de ses assortiments. Gucci pourrait-il donc encore optimiser ses assortiments ? Peut-être, mais la mode n’est pas qu’une question de chiffres. 
C’est avant tout une question de style, d’expression de soi et, comme le disait si justement , « La mode est l’aphrodisiaque de la consommation ».
Gucci n’a aucune intention de dissuader les consommateurs d’en vouloir toujours plus.